Sénégal : la division de la mouvance à l’origine du report de la présidentielle
Initialement prévue pour se tenir le 25 février prochain, l’élection présidentielle a été finalement reportée suite à un décret du chef de l’État Macky Sall, en date du 03 février, abrogeant la convocation du corps électoral. Si le président sénégalais a évoqué la création de la commission d’enquête parlementaire chargée d’éclaircir les conditions du processus de validation des candidatures par le Conseil constitutionnel comme principale raison justifiant ce report sine die de l’élection présidentielle, d’autres raisons sous-tendent cette décision, dont la division au sein de la mouvance présidentielle.
En effet, désigné en septembre dernier comme le successeur de Macky Sall, le premier ministre Amadou Ba voit aujourd’hui sa candidature menacée. Et pour cause, incrédules quant à ses chances de remporter l’élection, plusieurs personnalités du camp présidentiel ont œuvré dans l’ombre pour souhaiter son remplacement. Parmi ces personnalités énumérées par Africa Intelligence, figurent l’actuel ministre du tourisme, Mame Mbaye Niang, l’ex-chef de cabinet du chef de l’État, Mahmoud Saleh, de même que le ministre conseiller à la présidence chargé des télécommunications, Abdoul Aziz Mbaye. D’après la même source, l’homme d’affaires Thierno Ba, l’actuel président du Conseil économique social et environnemental, Abdoulaye Daouda Diallo qui souhaite aussi succédé à Macky Sall et la ministre du développement communautaire, Thérèse Faye Diouf ont également participé à l’opération d’affaiblissement d’Amadou Ba à travers la mobilisation des députés du parti présidentiel qui ont soutenus et adoptés le 31 janvier dernier, la proposition de loi portant sur la création d’une commission d’enquête parlementaire qui vise à éclaircir les conditions du processus de validation des candidatures par le Conseil constitutionnel. Une proposition de loi qui émane de la formation politique de l’opposant Karim Wade dont le dossier a été rejeté pour cause de double nationalité. Suspecté d’avoir joué un rôle majeur dans la disqualification de Karim Wade, Amadou Ba a tiré la colère de plusieurs cadres de son parti, l’Alliance pour la République (APR), qui voient en cette élimination de Wade, un véritable chaos qui vient mettre fin à tout espoir d’une possible alliance entre les deux partis en cas de second tour. Ce qui augmente selon les détracteurs du premier ministre, les chances d’une victoire du camp d’Ousmane Sonko.
Par ailleurs, la stratégie de campagne adoptée par Amadou Ba, en mettant à l’écart de grosses figures du parti et en faisant appel à de cabinets de communication étrangers dont le français Concerto et de personnalités politiques de l’extérieur font l’objet de beaucoup de controverses au sein de l’APR. Si les relations entre le président Sall et son premier ministre ne sont plus au beau fixe, elles se sont détériorées davantage suite à la décision du président sénégalais de reporter la présidentielle. Une décision à laquelle s’est opposé le premier ministre Amadou Ba. À l’heure actuelle, plusieurs rumeurs sur un possible limogeage d’Amadou Ba ont fait surface alors que plusieurs de ses proches lui conseillent de rendre sa démission.