Crise au Niger : le président Tinubu était contre une intervention militaire de la Cédéao
Alors que sa gestion de la crise nigérienne suscite déjà l’incompréhension dans le rang de ses pairs, la récente prise de position du président Tinubu sur le projet d’intervention militaire de la Cédéao à Niamey vient démontrer à nouveau les difficultés de l’organisation sous régionale à régulariser la situation.
Les relations entre le président en exercice de la Cédéao, Bola Tinubu et ses homologues ne sont pas au beau fixe. Et pour cause, plusieurs manœuvres du président Tinubu dans la gestion de la crise nigérienne attisent les tensions au sein de l’organisation sous régionale. En effet, la présence de l’ancien patron de la diplomatie nigérienne sous l’ex président Mohamed Bazoum (2021-2023), Hassoumi Massaoudou, sur invitation du président Tinubu au sommet de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) tenu à Abuja le 10 décembre dernier, a déclenché la colère de ses pairs de l’organisation notamment celle de ses homologues francophones qui n’étaient pas prévus de la venue du nigérien et a provoqué l’ire de Niamey. C’est ainsi que les autorités nigériennes ont menacé de se retirer des discussions engagées avec le Bénin, le Togo et la Sierra Leone pour un allégement des sanctions. D’après Africa Intelligence « pour mettre fin à l’incident, la Cédéao s’est alors lancée dans un délicat jeu d’équilibriste : par voie de deux communiqués successifs, l’organisation a ainsi acté la chute du gouvernement Bazoum, tout en maintenant la reconnaissance de ce dernier en tant que chef d’État du Niger. En conséquence, Hassoumi Massaoudou ne devrait désormais plus être invité aux prochains sommets », a-t-il renseigné.
D’après la même source, un autre point qui fâche au sein de l’organisation est la non organisation par le président Tinubu d’un sommet en novembre dernier et qui sera consacré à la crise nigérienne. « Alors qu’il devait théoriquement organiser un sommet extraordinaire consacré au Niger au mois de novembre, Bola Tinubu a freiné des quatre fers les préparatifs, pour ne finalement jamais le tenir. Il a également refusé plusieurs appels téléphoniques de ses homologues durant plus de deux semaines », a souligné Africa Intelligence. Face à cette attitude, les présidents Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire), Nana Akufo-Addo (Ghana), et Faure Gnassingbé (Togo) avaient ainsi confronté le 20 novembre à Berlin en marge du G20 Compact with Africa, le président Bola Tinubu sur sa gestion du dossier nigérien. « Interrogé par Alassane Ouattara sur le projet d’intervention militaire de la Cedeao, Tinubu avait alors répondu n’avoir jamais été en « faveur » d’une telle option. Une position contredisant une partie de ses déclarations formulées au lendemain du putsch du 26 juillet, ce qui a suscité l’agacement du président ivoirien », a révélé Africa Intelligence.