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« C’est au Niger et maintenant que se joue l’avenir de la démocratie en Afrique », selon le Conseil exécutif du Groupe Alternatif pour le Renouveau Africain qui réitère son soutien à la CEDEAO

La crise au Niger a fait objet des débats du Conseil exécutif du Groupe Alternatif pour le Renouveau Africain (GARA) qui s’est réuni ce mercredi 27 septembre 2023. Au terme de cette rencontre, plusieurs résolutions ont été prises.

Ci-dessous l’intégralité de la déclaration adoptée par le conseil

Le Conseil Exécutif du Groupe Alternatif pour le Renouveau Africain (GARA) s’est réuni ce mercredi 27 septembre 2023, a examiné la situation politique au Niger ainsi que ses graves répercussions pour la sous-région, et a adopté la déclaration qui suit :

Le Conseil Exécutif,

Félicite le Gouvernement de la République du Bénin pour son adhésion pleine et entière aux
résolutions prises à l’issue du sommet extraordinaire des chefs d’État et de gouvernements de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), tenu à Abuja, au Nigéria, le 30 juillet
2023, et ses efforts pour leur stricte application, malgré les nombreux défis d’ordre intérieur, notamment économiques, que ces résolutions impliquent.

À cet égard, le conseil remercie le peuple frère du Bénin d’avoir accepté de consentir des sacrifices afin de faire plier les auteurs du coup de force contre la démocratie nigérienne, exprime une reconnaissance chaleureuse à Son Excellence, le Président Patrice Talon pour l’intérêt particulier qu’il porte à la situation au Niger et lui rend hommage pour son implication personnelle dans la recherche de solution.

Salue également l’action courageuse de la Communauté économiques des États de l’Afrique de l’Ouest en vue du rétablissement rapide de l’ordre constitutionnel au Niger ainsi que les efforts de l’Organisation pour assurer la protection des populations civiles contre les exactions des groupes armés terroristes (GAT) et les agissements de la junte militaire ayant usurpé la souveraineté du pays depuis plusieurs semaines.

Rappelle les termes de son communiqué N°004cGARA/23 daté du 6 aout 2023, soutenant la fermeté de la Cédéao dans le dossier nigérien et, à l’instar de Thierno Monénembo, écrivain guinéen, réitère que si les putschistes de Niamey réussissent leur coup, s’ils destituent le président Mohamed Bazoum, s’ils le tuent, s’ils le jettent en exil ou en prison, c’en serait fini de la démocratie en Afrique. Ce serait la mort de la chose instituée, la réactualisation des putschs, la porte ouverte aux médiocraties. Ce serait le règne des politiciens véreux et des caporaux avides de diamant et de gloire. Cette évidence doit sauter aux yeux des élites africaines les mieux averties autant qu’à ceux de la communauté Internationale.

Réaffirme que c’est au Niger et maintenant que se joue l’avenir de la démocratie en Afrique. Le président élu Mohamed Bazoum, pris en otage depuis plusieurs semaines avec son épouse et son fils, qui refuse courageusement de signer une démission qui scellerait la mort des institutions du Niger et donnerait carte blanche à ces militaires félons, demeure l’ultime rempart pour éviter le basculement du pays vers des lendemains incertains. La Cédéao est en droit, la Cédéao est en devoir, d’agir le plus vite et par tous les moyens pour le libérer des mains de ses ravisseurs et le rétablir dans ses droits.

Exprime sa grave préoccupation face à la détérioration continue de la situation sécuritaire au Niger, où depuis le coup d’État, on a recensé une dizaine d’attaques de groupes armés terroristes faisant plus de 70 victimes, dont une quarantaine de soldats nigériens. Une situation qui menace gravement la stabilité de la région et compromet dangereusement les actions menées jusqu’ici contre ces terroristes, en raison notamment des attaques incessantes contre les populations civiles, y compris les assassinats ciblant des communautés particulières.

Souligne en outre l’impuissance du général Abdourahamane Tiani devant les défis sécuritaires et son incapacité à protéger ses compatriotes. Tout en rappelant que le putsch a eu lieu dans un contexte particulièrement encourageant en matière de lutte contre les djihadistes, à l’initiative du président Mohamed Bazoum, qui a fait preuve d’un réel volontarisme dans ce domaine depuis son élection en 202 ;
une politique qui commençait à produire des résultats positifs. Pour preuve, entre 2021 et 2023, le budget de la défense du Niger a doublé pour atteindre quelques 668 millions d’euros soit 13,5% du budget national ; une somme considérable au regard du contexte économique marquée par la récession. Le nombre d’opérations menées par les Forces armées nigériennes (FAN), qui a augmenté de 32 % pour le seul premier semestre 2023 en est une autre illustration. Tout comme la chute de près de 50% des attaques visant les civils et une baisse de 16% du nombre des victimes parmi les populations avant le coup de force.

Appelle le chef de la junte, le général Abdourahamane Tiani, qu’il tient personnellement pour responsable de la situation, à entendre les appels à la raison et à favoriser la restauration des institutions légitimes du Niger. Pour ce faire, le conseil exhorte toutes les parties prenantes du dossier nigérien à contribuer activement à la mise en œuvre de la Feuille adoptée par lors du sommet extraordinaire de la Cédéao du 30 juillet 2023, et encourage les autres membres de la communauté internationale à intensifier les pressions sur les membres de la junte en vue d’une issue rapide à cette crise qui n’a que trop duré.

Prend note de la double décision du chef de l’État français, Emmanuel Macron, ramenant l’ambassadeur Sylvain Itté à Paris et mettant fin à la coopération militaire entre la France et le Niger.
Compte tenu de l’apport inestimable de la France dans la lutte contre les groupes armés terroristes dans le Sahel, le conseil regrette qu’on soit arrivé à cette extrémité.

Dénonce le fait qu’aujourd’hui, en Afrique, des néopanafricains du numérique, ces anti-impérialistes autoproclamés au discours virulent et clivant tentent, avec un certain succès, d’offrir comme seule alternative à la jeunesse montante, le mirage des « nouveaux partenaires », qui n’est rien d’autre que de l’affairisme mâtiné d’autoritarisme et de militarisme. Que ces derniers essaient de présenter comme de « nouveaux partenaires » au développement du continent des États dont les systèmes politiques n’ont rien de démocratiques, qui ne s’encombrent pas de scrupules et qui obligent les Africains à gager leurs sols, sous-sol et autres biens ainsi qu’à tout vendre, montre avec quelle force le néo-panafricanisme des réseaux sociaux se fourvoie et avec quelle vitesse l’élite africaine a déserté le champ de la réflexion.

Décide de rester activement mobilisé sur la situation au Niger.

Fait à Cotonou, le 28 septembre 2023

Pour le Conseil Exécutif

Adrien POUSSOU

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