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Après plus de trois (03) ans d’attente, la Fédération Nationale des Collectifs des Enseignants Pré-Insérés du Bénin (FéNaCEPIB) a interpellé à nouveau le gouvernement sur la situation de leur reversement en Agents contractuels de droit public de l’État (ACDPE). À travers une déclaration de leur porte-parole, ces enseignants pré-Insérés ont exprimé leurs inquiétudes et invité le gouvernement à tenir sa promesse. Ci-dessous, l’intégralité de la déclaration de la FéNaCEPIB👇
DÉCLARATION DE LA FéNACEPIB AU SUJET DU REVERSEMENT DES AME EN ACDPE
Les derniers événements relatifs au reversement des AME en ACDPE attestent que le gouvernement est dans une constante fourberie vis-à-vis des concernés. Et on se demande si l’éducation continue d’être vraiment une priorité au Bénin.
Lors d’une rencontre tenue à la Présidence de la République ce jeudi 6 février 2025, entre un groupe d’AME et le porte-parole du gouvernement, monsieur Wilfried Léandre Houngbédji, ce dernier aurait laissé entendre que le reversement des AME en Agents Contractuels de Droit Public de l’État (ACDPE) se fera courant le premier semestre de l’année 2025, soit entre le mois de février et celui de juin 2025.
Or, il n’est un secret pour personne qu’un semestre compte six (06) mois et que le tout premier de l’année dont le deuxième mois vient d’être entamé dispose encore de quatre bons mois à l’issue desquels la communauté scolaire entre de pleins pieds en vacances. De plus, cette période, comme on peut s’y attendre, serait politiquement sensible au regard de l’imminence des tractations pour les élections de 2026 dans lesquelles le Président Patrice Talon aurait déjà la tête plongée, pour ne pas dire « occupée ».
Il apparaît clairement que les répétitifs reports injustifiés de notre reversement vers la période préélectorale constituent le motif qui retarde sa concrétisation depuis trois ans que les autorités gouvernementales ont rassuré l’opinion de ce que le reversement est UN ACQUIS.
Cette situation décourage l’ensemble des AME dont les conditions de vie et de travail demeurent précaires et indécentes et qui, malgré tout, continuent, sous le poids l’âge et des 26 voire 28 heures de cours hebdomadaires, de se sacrifier pour la République. On ne raconte plus à personne aujourd’hui que les avancées significatives notées dans l’amélioration des résultats scolaires dans le système éducatif au Bénin sont surtout le fruit des AME majoritaires dans le système. Il importe donc au Chef de l’État d’œuvrer à l’augmentation du taux d’amélioration de la qualité de l’offre éducative en assurant le bien-être de ceux-là qui maintiennent haut le flambeau du système éducatif du pays.
Peuple béninois, il ne nous plaît pas de nous prononcer sur les récents propos du porte-parole du gouvernement tenus ce dimanche 09 février à Zagnanado à propos du reversement. Car, la situation des AME a tellement fragilisé nos cœurs et nous avons désormais le souci et le devoir de préserver notre vie. Toutefois, nous vous donnons à lire deux extraits de l’intervention du porte-parole du gouvernement, que nous essayerons d’examiner :
Extrait 1 : « Si on décide de reverser tout le monde aujourd’hui, l’impact immédiat, c’est cent (100) milliards sans compter tout ce qui va s’ajouter tous les deux ans avec les évolutions en grade.»
Extrait 2 : «Dans le budget 2025, c’est prévu 3.000 ou 3.500 qu’on doit reverser.»
Lorsque nous nous amusons à effectuer un petit calcul, nous ne nous retrouvons du tout pas dans le montant de 100 milliards à mobiliser pour le reversement des AME, selon les propos du SGA du gouvernement !
Si l’État effectue le reversement, chaque AME connaîtra une augmentation allant de 60.000F à 70.000F au plus y compris le sursalaire. Considérons la borne supérieure, c’est-à-dire chaque AME connaitra 70. 000F d’augmentation après le reversement :
– 70.000F × 32.000 = 2.240.000.000 F par mois avec le sursalaire.
– 2.240.000.000 F × 12 = 26.880.000.000 F par an avec le sursalaire.
Voilà ! Si nous utilisons les mêmes calculettes, nous devrions pouvoir trouver approximativement les mêmes chiffres.
Chers collègues AME, parents d’élèves et leurs représentants, organisations syndicales et opinion internationale, constatez amèrement avec nous le grand fossé entre le montant estimé ci-dessus et celui gargantuesque agité par le porte-parole du gouvernement ! Vous conviendrez avec nous qu’il y a longtemps que la République a tourné le dos à ses fils que nous sommes et que le gouvernement n’a pas la volonté de concrétiser le reversement des AME comme lui-même l’avait annoncé, pour le bonheur du système éducatif de notre pays.
Comprenez qu’il n’y a même pas de raisons valables qui retiennent le gouvernement à concrétiser sa promesse et qui puissent retarder le reversement, si les dirigeants nous considèrent aussi comme des enfants de ce pays ! Six ans de vie tourmentées ! Six de temps perdus ! Six ans d’avenir gâché ! 3.500 AME à reverser sur 32.000 après pratiquement dix ans sans recrutement dans l’enseignement ! 3.500 AME à reverser alors que la première promotion seule, ayant déjà bouclé 6 ans de service dépasse 22.000 ! Et on vient soutenir publiquement ça ! Quelle puantise ! Ça sent très mauvais ! Koyiii ! Mi gbô !!!
AME du Bénin, de la maternelle jusqu’au secondaire, en passant par le primaire, nous avons un destin commun. C’est pour cela que nous devons demeurer soudés pour dire non, par toutes les voies légales, à ce simulacre de reversement qui ne tiendrait pas compte de la grande masse ou de la totalité des AME.
Le reversement de tous les AME, plus qu’une nécessité, est URGENT !
Cotonou, le 10 février 2025.
Pour la FéNaCEPIB,
Les porte-parole
Ferdinand Sourou MISSENHOUN
Pierrot Sourou Léon AKODJENOU